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Sous une allée de cerisiers
Sous une allée de cerisiers
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10 septembre 2009

*23*

Enfin la sonnerie ! Je fourre rapidement mes affaires dans mon sac, sans prendre le temps de les ranger.
- T’inquiète pas, il va pas s’envoler !, s’esclaffe Julie.
- C’est juste que je veux y être assez tôt, on ne sait jamais s’il y a du monde !
J’ai du mal à croire que dans moins de deux heures je vais rencontrer mon auteur favori !
- A demain !
- A demain, me répondent mes amis. Sois sage surtout !, rajoute Matthieu d’un air moqueur.
Une demi heure plus tard, je suis sur place à attendre. J’y suis surement allée un peu tôt, en effet. Mais on ne peut pas savoir à l’avance s’il y aura du monde ou pas. Ne sachant trop quoi faire, je décide d’aller manger une glace chez le glacier de l’autre jour. Une fois la commande passée, je sors le livre que j’ai emmené pour la dédicace. C’est celui que mes amis m’ont offert, c’est de loin mon préféré ! Je trouve que la façon dont il l’a rédigé est vraiment unique, et l’histoire ne ressemble à rien de ce que j’ai pu lire jusqu’à présent. C’est un de ses premiers ouvrages, et pourtant on voit déjà le talent qu’il possède. C’est le genre de livre que l’on relit comme si on avait oublié l’histoire une fois fini. Comme si on avait sauté des passages et qu’il fallait le recommencer pour vérifier si on avait bien tout comprit. Je contemple encore une fois la dédicace qu’il avait déjà apposée pour son fils. Quand j’y pense, c’est un inédit que je tiens là ! Mais je me demande comment il a pu atterrir dans une librairie… Ce n’est pas le genre d’objets dont on se sépare. Quoiqu’il en soit, j’en aurai une autre juste à côté ! J’ouvre le roman au hasard et lis un peu, histoire de patienter.
Un moment après, je vois pas mal de gens passer et  regarde l’heure. Il est temps ! Je paye l’addition et me dirige vers l’entrée de la librairie. J’ai de la chance, je serais dans les premiers de la file. Je me faufile entre les piles de livres et les clients et tente tant bien que mal de m’avancer dans le coin réservé à la dédicace. Mais je dois jouer des coudes et quelqu’un me bouscule, faisant tomber mon livre qui s’ouvre de lui-même à la page de la signature. Je me baisse pour le ramasser quand une main s’en empare avant moi. Levant la tête, je suis surprise de reconnaitre Julien.
- Ca alors ! Je ne savais pas que tu venais à la séance de dédicace !, je m’exclame.
- Ben… Oui… Enfin j’ai oublié de te le dire, dit-il d’un air embarrassé.
- C’est pas grave ! On s’avance ?
- Euh… A vrai dire je ne voulais pas vraiment une dédicace… Enfin, je voulais juste le voir, mais c’est fait donc je vais y aller…
- Fait ? Tu l’as vu ? Cette chance ! Pourtant il n’est pas assis ! J’ai tenté de voir si je le croisais mais peine perdue ! J’ai du mal à tenir en place en sachant que William Heathrow est dans le même endroit que moi ! Ah, excuse moi je m’emballe…
- Je savais que tu étais fan, mais pas à ce point là… Bon j’y vais, mon frère m’attend, on se voit au lycée…
Je n’ai pas le temps de lui dire au revoir qu’il a déjà filé. C’est bizarre qu’il ne reste pas. En tout cas il parle de plus en plus, il devient moins timide avec nous. Mais je ne savais pas qu’il avait un frère, il parle si peu de lui ! Sortant de mes pensées, je prend ma place dans la file et m’aperçois qu’elle s’est considérablement allongée en quelques minutes. Je n’aime pas attendre comme ça sans rien faire. La plupart des personnes présentes sont plus âgées que moi, à part une ou deux exception.
Soudain, les gens devant moi s’agitent et j’en déduis qu’Heathrow s’est installé à sa place ! La file avance doucement, mais de là où je suis-je l’aperçois déjà. Il à l’air grand ! Plus que ce que je pensais, mais les photos ne rendent pas bien compte de la réalité il faut dire. Cependant, il a regard bienveillant qui me plait assez. Il prend le temps de parler à chaque personne, et s’applique à écrire sur les livres qui lui sont présentés. De temps en temps, il réajuste ses lunettes ou boit un peu d’eau. C’est bientôt à moi, et mon poult s’accélère. Que vais-je lui dire ? Et que va-t-il dire lui quand il verra ce qu’il avait écrit auparavant sur mon exemplaire ? La personne devant moi s’éloigne, et je m’avance. Intimidée, je ne sais pas quoi lui dire alors je le salue. Il me répond d’un grand sourire :
- Bonjour ! Il n’est pas courant de voir des jeunes s’intéresser à la littérature !
- Oh, si j’aime beaucoup ! Et ce sont vos romans que j’apprécie le plus !
- Tu m’en vois ravi ! Veux-tu que je te le signe ?, demande-t-il désignant le roman que je tiens sous mon bras.
Acquiesçant, je le lui tend en observant sa réaction. Lorsqu’il voit le titre du livre, il est surpris :
- Je ne savais pas qu’il était encore édité. C’est ton préféré ?
- Oui, assurément ! Je trouve l’histoire inédite et les personnages sont vraiment attachants ! Plus encore que dans vos autres livres.
- Etonnant…
Il l’ouvre à la première page, et fronce les sourcil en voyant la signature.
- Où as-tu trouvé ce livre ? Si ce n’est pas indiscret…
- Pas du tout ! Ce sont mes amis qui me l’ont offert. Ils m’ont dit l’avoir trouvé dans une librairie, mais je ne sais pas laquelle. J’ignorais que vous aviez un fils, dis-je, curieuse.
- J’évite de parler de ma famille aux médias, c’est un principe que je me suis posé, me répond-il en souriant. Mais j’imagine que dévoiler cette information à une mordue de lecture n’est pas bien grave, ajoute-t-il l’air malicieux.
- Je vous promet de ne rien dire !
- Ah ah je te fais confiance alors ! Comment t’appelles-tu ?
- Lucy ! Lucy Baker.
- Lucy, c’est noté.
Il écrit juste en dessous de l’autre signature. J’admire le geste qu’il a, la façon de former les lettres. J’imagine qu’avec le temps écrire devient une seconde nature et le stylo n’est plus qu’un prolongement de la main.
- Voilà !
Il me tend mon livre, ouvert. « Pour Lucy, une passionnée de lecture et ma plus grande fan. Amicalement, William Heathrow. »
- Merci !, dis-je sans cacher ma joie.
- Je t’en prie, tu n’oublieras pas de tourner la page.
Il me fait un signe de la main, que je lui rend en m’éloignant, sur un petit nuage. Sortant de la boutique, je repère un banc qui vient de se libérer et vais m’y installer. J’ouvre mon livre, et regarde plus attentivement ce qu’il vient d’écrire. Sa plus grande fan, assurément ! Mais qu’à-t-il voulu dire à propos de tourner la page ? Je m’empresse de le faire, et remarque qu’il a noté quelque chose d’autre sans que je le vois :
«  PS : Garde précieusement ce livre. Et j’ai deux fils. W.H. »

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