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L’heure du repas arrive bientôt, et nous finissons juste à temps. Me rendant à la grande salle à manger, j’admire encore le talent qu’à ma mère pour décorer chaque pièce. Elle mérite bien son titre de décoratrice d’intérieur. Tout est accordé avec goût, sans exagération ni mauvais mariage de couleur. Pour ce qui est de sa façon de cuisiner en revanche, c’est une autre histoire. C’est pourquoi mon frère, mon père et moi, avons décidé l’an dernier d’engager une femme de ménage à demeure, qui nous fait également la cuisine. Ma mère en a été plus qu’enchantée, étonnamment. Je m’installe à ma place, tandis que Martha, notre fameuse cordon bleu, me sert un verre d’eau. Lors de son arrivée chez nous, elle avait pour habitude de me servir du vin. Mais comme je n’apprécie pas tellement cela, elle a finalement opté pour cette boisson banale qu’est l’eau. A ma guise de boire ce que bon me semble ensuite. Je me tourne vers mon père, et lui pose la question que je voulais demander avant que mon frère ne me recrute pour son devoir.
- As-tu trouvé ce que tu cherchais pour ton nouveau projet ?
- Eh bien, ça m’a prit pas mal de temps, mais j’ai finalement mit la main sur certains documents assez intéressants à la mairie. On m’a laissé accéder à de vieilles archives alors ça m’a facilité la tâche on va dire.
Tout en disant ça, il prend son verre et fait tourner le vin que Martha lui a versé, afin de deviner l’âge entre autre. Depuis qu’il a lu un magazine sur l’art de cultiver la vigne il s’est prit de passion pour ce sujet. Ca a commencé il y a deux ou trois ans, lorsque notre voisin l’avait invité chez lui pour faire une dégustation. De là, il a lu ce livre, et ensuite il est devenu incollable là-dessus. Nous parlons de ses trouvailles dans les archives, mais ma mère nous interromps rapidement, insistant sur le fait qu’on ne parle pas du travail à table. Servant du rôti à mon frère, elle lui demande comment s’est passé sa journée.
- Ben normal, assez tranquille comme d’habitude, répond-il. Mais à midi j’ai encore été retenu par le prof de français ! Toujours pour la même chose, ça devient ennuyant à la fin.
- Tu devrais t’estimer heureux qu’un professeur t’aimes bien. C’est toujours ça de bénéfique pour le conseil de classe, lui dit mon père sur le ton de la conspiration.
- Peut-être, mais du coup il n’y avait plus de place au self et j’ai du tourner un moment avant de trouver un siège de libre.
- Mais c’est bien de manger avec des gens que tu ne côtoie pas forcément, ça fait de nouvelles connaissances, tente de le motiver ma mère.
Moi, je n’ai pas grand-chose à dire étant donné que je ne vais plus au lycée, préférant suivre des cours par correspondance. Je n’aime pas vraiment la foule, et comme ça je peux étudier des choses plus passionnantes en complément du cursus normal. J’aime étudier, mais je trouve qu’en classe les professeurs ne nous disent pas tout. Il y a des choses bien plus intéressantes que les théorèmes ou la guerre mondiale. J’écoute d’une oreille distraite la conversation, mais mon attention est rappelée à l’ordre par ce que vient de dire mon frère.