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Sous une allée de cerisiers
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4 août 2009

*21*

6


Lucy



Malheureusement pour moi, on est Vendredi, et plus on se rapproche de cette fameuse fête, plus je me rend compte que Julie avait raison. Le proviseur a emmené la « boite à idée », et toutes les filles sont émoustillées en attendant le choix qui sera fait. Cette année, les délégués de chaque classe sont invité à aider les professeurs à choisir. Lundi matin sera annoncé le thème, et ainsi pourront débuter les répétitions ou recherches pour les futurs exposés et spectacles. Sortant de la classe pour la récréation, je suis interpellée par trois filles dans le couloir :
- Lucy !
Je reconnais deux d’entres elles, en première, et l’autre doit être en seconde. Je me rapproche et leur demande ce qu’elles veulent. L’une des deux de première prend la parole :
- C’est encore un peu tôt, mais mieux vaut s’y prendre à l’avance ! Je voulais savoir si tu allais à la soirée avec Maxime ?
Manifestement, elle souhaite y aller avec lui.
- Je ne vois pas pourquoi j’irai avec lui ! Nous sommes juste amis.
- Ah tu me rassures ! Enfin c’est juste que j’avais peur qu’il ait déjà quelqu’un…
Si ça commence comme ça, je sens que je vais tout faire pour sécher ce jour là. Repensant à Jessica et si je ne me suis pas trompée, je me dis que si elle veut vraiment l’inviter il ne faudrait pas trop qu’elle traine. Je m’éloigne d’elles en soupirant devant leur air tout émoustillé. Julie m’attend un peu plus loin et je lui raconte cette anecdote.
- Et ça ne fait que commencer, tu vas voir !
Allant prendre l’air, je réfléchit à un moyen d’éviter d’y aller. Mais si je fais ça, je risque peut-être de le regretter, et mes amis vont tout faire pour m’en dissuader. Il faut donc que je me fasse une raison, mais j’irai juste voir comment ça se passe.
    Le soir venu, je tourne en rond dans ma chambre. Ne sachant quoi faire, je décide de ranger un peu mon bureau. Ca et là trainent des papiers, quelques photos au lac ou au lycée que je m’empresse de ranger dans mon album, à l’exception d’une de nous quatre que je trouve marrante et que j’accroche au mur. Mais on toque à ma porte, qui est pourtant ouverte, et dans le battant se tient Sonia. Je l’avais presque oubliée.
- Bonsoir, dit-elle avec un sourire qui se veut sympathique.
- Bonsoir…
- Je ne te dérange pas au moins ?
Ce n’est qu’un façon d’être polie, car sans attendre ma réponse elle s’assoit sur mon lit et jette un œil à mon album photo que j’ai oublié de refermer.
- Ce sont tes amis ? Ils ont l’air amusant !
- Oui, ils sont sympa.
Observant ma chambre, je la vois par moment plisser les yeux, signifiant qu’elle n’aime pas ce qu’elle voit je suppose. Voyant un pull sur le dossier de la chaise où je suis assise, elle me le montre du doigt.
- Tu mets ça ?
- Ce pull ? Bien sûr. Pourquoi ?
- Eh bien, ne le prend pas mal, mais ce modèle est démodé. Et la couleur n’est pas de saison.
Perplexe, j’attrape le pull en question et l’examine, ne voyant pas ce qu’il y a de mal à le mettre. Mais déjà, elle enchaine sur un autre sujet :
- Hmm je sais que ton père t’as parlé, mais je voulais te dire que je ne cherche pas à remplacer ta mère. Pour être franche, je n’ai pas trop aimé quand il m’a dit avoir une fille. Comprend moi, c’est toujours difficile de devenir la belle-mère d’un enfant qu’on ne connait pas.
Belle-mère ? Elle rêve là !
- Et je n’attend pas de vous d’être ma mère, je lui répond. Je ne souhaite que le bonheur de mon père, et je ne peux pas m’opposer à son choix, juste lui dire mon avis. Mais il est encore un peu tôt pour juger, je ne vous connais pas et vous ne savez rien de moi.
- Tu m’as l’air assez mature, c’est bien. Tu es prise demain ? On pourrait aller faire les boutiques ! Selon moi c’est un bon moyen de faire connaissance. Et je pourrais te montrer comment t’habiller un peu mieux.
Pour ma part, ce n’est pas dans une cabine d’essayage que j’apprend à connaitre quelqu’un. De plus, sa façon arrogante de me lancer sa critique ne me plait pas trop. Je me fiche qu’elle aime arranger son physique plus que son cerveau, mais il y a des choses à ne pas balancer comme ça. Je n’aime pas être méchante, mais là, c’est plus fort que moi.
- Chacun est unique et s’habille comme il le souhaite. Vous avez un style à vous, et j’ai le mien. Si vous voulez tout savoir, je n’aime pas votre robe, que je trouve trop vulgaire. Cependant je ne fais aucun commentaire. Ca s’appelle le respect. Pour demain, je veux bien venir. Mais je refuse d’acheter des choses qui ne me plairont pas et d‘entendre vos critiques toute la journée. D’accord ?
- Parfait ! Je passe te prendre vers dix heures. A demain !
Tournant les talons, elle quitte la pièce. Elle n’a pas écouté un traitre mot de ce que je viens de dire ! Je maudis déjà la journée de demain. Deux minutes après, c’est mon père cette fois qui vient me voir.
- Merci d’avoir accepté d’aller te promener avec elle ! Je suis sûr que vous allez bien vous entendre !
Il à l’air tout content et pense que je partage son enthousiasme. Mais devant mon regard absent et ma mine dépitée, il se calme rapidement.
- Qu’est-ce que tu as ?
- Ce que j’ai ? Je vais te le dire. Je déteste cette femme qui ne pense qu’à son apparence et ne fait que critiquer !
Les mots sont sortis tous seuls, mais il vaut mieux pour lui qu’il sache maintenant.
- Mais, tu ne la connais pas encore…
- Le peut que j’ai vu me suffit. Demain si j’y vais, c’est pour toi. Je sais que tu y tiens et je vais faire un effort, en revanche, si vraiment le courant ne passe pas, ne m’en veut pas.
- Je ne pourrais pas t’en vouloir, mais j’espère que tout ira bien… Vraiment.
Et c’est dans cette ambiance que se prolonge le repas, et sitôt fini je remonte dans ma chambre et attrape un livre, histoire de ne plus penser à ça pour le moment.

Le lendemain, je passe une affreuse journée. Entre les cabines d’essayages à tenter d’enfiler des choses « adorables » selon Sonia, ou les tentatives de discussions basées sur autre chose que les vêtements, c’est un zéro pointé sur toute la ligne. Mais celle que je suis obligée de supporter fait mine de passer une excellente journée et ne m’écoute pas le moins du monde lorsque je lui parle, même pour dire des choses aussi futiles que « j’ai envie de faire une pause ». Visiblement, elle m’a juste proposé de venir avec elle pour montrer à mon père qu’elle s’intéresse un tant soit peu à moi. Personnellement, qu’elle essaye ou pas m’est égal. Dans l’après midi, en passant devant une boutique de jeux vidéo, je suis tombée sur Mathieu et Maxime qui étaient en train de tester un nouveau jeu. Ils ont eu l’air surpris  de me voir en compagnie de quelqu’un comme Sonia, mais n’ont pas fait de commentaires. Je ne me suis pas attardée auprès d’eux, n’ayant nullement envie d’avoir à entendre bavasser cette imbécile de femme. Le seul moment où nous avons réussi à plus ou moins communiquer, c’était lorsque nous avons bu un verre dans un café et qu’elle m’a parlé de sa passion pour la danse classique. En revanche, juste avant de rentrer, je suis passée par la librairie et je suis tombée sur une grande affiche qui indiquait que William Heathrow allait venir faire une dédicace, ici même, Mercredi ! Voilà qui a eu de quoi me remonter le moral en flèche ! Pour la première fois je vais le voir ! Je n’ai plus qu’à choisir quel livre je vais emmener pour le faire dédicacer. Je l’avoue, si je n’étais pas venue aujourd’hui j’aurai loupé quelque chose… Donc merci pour ça Sonia ! Même si c’est involontaire de ta part.

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